Les salons de sortie : pourquoi se lancer ?

Dans un contexte de forte activité aux urgences et de tensions régulières sur les lits, les salons de sortie, inspirés du secteur de l’hôtellerie, séduisent les établissements sur le papier. Soignants, transporteurs, patients et familles : tous y voient des effets bénéfiques.

Le principe ? Que chaque lit de l’hôpital soit utilisé par un patient nécessitant des soins, et non par un patient attendant sa sortie.

Imaginés comme des salles d’attente, ces sas permettent aux patients une fois leur chambre quittée d’attendre les transporteurs sanitaires ou leur famille dans de bonnes conditions dans un lieu unique situé en dehors du service de soins, tout en restant sous surveillance dans l’enceinte de l’hôpital.

Tous les patients ne sont bien sûrs pas éligibles à ce type de prise en charge, mais certains profils types s’y prêtent bien :  les patients valides, autonomes, non déments, en attente d’un taxi, d’un VSL ou de leur proche, dont la présence n’est plus obligatoire dans les services de soins. C’est par exemple le cas des patients accueillis en Unité de Chirurgie Ambulatoire.

Les objectifs de ces organisations sont multiples : 

• D’abord, le salon de sortie permet de décharger les équipes soignantes de la gestion de la sortie des patients. En effet, une fois le patient médicalement considéré comme apte à la sortie, celui-ci passe sous la responsabilité du « régulateur » responsable du salon, dont le rôle sera de coordonner sa prise en charge par les transporteurs sanitaires ou par sa famille.

• Ensuite, ce dispositif permet, en offrant la possibilité aux services d’effectuer leurs sorties dès le matin, d’accélérer la disponibilité en lits. Les patients aux urgences en attente d’hospitalisation peuvent ainsi bénéficier plus rapidement d’une prise en charge par le service de soins. Parties prenantes de la fluidification des parcours, il n’est pas rare de voir les agents responsables des salons de sortie inclus dans les cellules de gestion des lits des établissements.

• En outre, ces salons ont le double avantage d’offrir aux transporteurs un seul lieu de prise en charge des patients ainsi qu’un interlocuteur unique pour la gestion administrative de la sortie.

• Enfin, ils permettent aux patients en fin d’hospitalisation une attente sereine et sécurisée de leurs proches ou transporteurs. En effet il n’est pas rare de voir des salons de sortie dotés de mobilier agréable, de magazines, de livres ou de jeux, ainsi que de collations – et cela participe à la réussite de l’expérience patient.

          Étroitement liés à la vie du service, à la gestion des lits et à la régulation du transport patient, le salon de sortie est donc un véritable outil de fluidification des parcours au service des nombreuses parties prenantes de l’hôpital.

Ce dispositif n’est pas nouveau. Plusieurs établissements l’ont déployé et adopté depuis une vingtaine d’années. Alors pourquoi n’est-il pas systématisé dans tous les établissements de France ?

Certains pré-requis matériels et fonctionnels sont tout d’abord à lever :

• Être en mesure d’aménager un local à proximité de l’entrée, pour configurer l’espace et accueillir les fauteuils en nombre suffisants

• Être en capacité de créer et d’occuper le/des poste(s) de travail de surveillance du salon

• Intégrer pleinement le fonctionnement de ce salon dans le parcours de sortie du patient, tant sur le plan physique qu’informatique

Si lever ces pré-requis peut sembler relativement accessible sur les plans matériels et fonctionnels, le caractère transversal du salon exige une conduite du projet renforcée, et c’est précisément cet aspect, s’il est mal évalué au démarrage de la démarche, qui peut freiner voire empêcher certains projets d’aboutir. Au carrefour entre la prise en charge médicale et paramédicale des patients dans les services, la gestion des lits, le secrétariat, le brancardage et le transport sanitaire, le salon de sortie est en effet une entité géographique et fonctionnelle « nouvelle », et non un projet mené à l’intérieur d’un service déjà existant. Cela implique que l’identification du « responsable projet » (qu’il s’agisse d’une Direction ou d’un chef de projet) est bien moins évidente que dans de nombreux projets menés à l’hôpital, et que la concrétisation d’un tel projet ne pourra intervenir que consécutivement à une démarche collective, ayant permis de faire converger les besoins de ces différentes parties prenantes.

Enfin, ce changement de paradigme interroge la conception même de la surveillance du patient et redéfinit de ce fait la notion de responsabilité médicale et paramédicale : il impacte en effet les médecins et les soignants, à associer fortement dès la phase de conception des salons de sortie. Cette association tout au long du projet est un facteur clé de succès du salon de sortie dans la durée, comme en témoignent les retours d’expérience réussis des établissements sur le sujet.

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